LE CORPS PARLANT
Xe Congrès de l’ AMP,
Rio de Janeiro 2016
235
234
La chair dans Le Visible et l’Invisible
« Cette chair a nourri la réflexion de Merleau-Ponty dans son ouvrage inachevé
Le Visible et l’Invisible
, livre auquel Lacan a consacré quelque attention au cours
de son Séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. »
p. 108
Le corps, lieu de l’Autre du signifiant
« Le signe découpe la chair, la dévitalise et la cadavérise, et alors le corps s’en
sépare. Dans la distinction entre le corps et la chair, le corps se montre apte à
figurer comme surface d’inscription, le lieu de l’Autre du signifiant. »
p. 109
Le mystère de l’emprise du symbolique sur le corps
« Pour nous, le mystère cartésien de l’union psychosomatique se déplace. Ce
qui fait mystère, mais qui reste indubitable, c’est ce qui résulte de l’emprise du
symbolique sur le corps. Pour le dire en termes cartésiens, le mystère est plutôt
celui de l’union de la parole et du corps. De ce fait d’expérience, on peut dire
qu’il est du registre du réel. »
p. 109
Substitution du parlêtre lacanien à l’inconscient freudien
« Cette métaphore, la substitution du parlêtre lacanien à l’inconscient freudien,
fixe une étincelle. Je propose de la prendre comme index de ce qui change dans
la psychanalyse au XXIe siècle, quand elle doit prendre en compte un autre ordre
symbolique et un autre réel que ceux sur lesquels elle s’était établie. »
p. 109
Le sinthome d’un parlêtre, c’est un événement de corps
« Comme vous le savez, le symptôme en tant que formation de l’inconscient
structuré comme un langage, c’est une métaphore, un effet de sens, induit par la
substitution d’un signifiant à un autre. En revanche, le sinthome d’un parlêtre,
c’est un événement de corps, une émergence de jouissance. »
p. 110
Être le symptôme d’un autre corps
« Le corps en question d’ailleurs, rien ne dit que c’est le vôtre. Vous pouvez
être le symptôme d’un autre corps pour peu que vous soyez une femme. Il y a
hystérie quand il y a symptôme de symptôme, quand vous vous faîtes symptôme
du symptôme d’un autre, c’est-à-dire symptôme au second degré. »
p. 110
La métaphore nous donne l’enveloppe formelle de l’événement de corps
« Ainsi, de Freud à Lacan, nous dirons que le mécanisme du refoulement est
explicité par la métaphore, comme de l’inconscient au parlêtre, la métaphore
nous donne l’enveloppe formelle de l’événement de corps. »
p. 110
Le refoulement, un chiffrage qui travaille pour la jouissance qui affecte le
corps
« Le refoulement explicité par la métaphore, c’est un chiffrage et l’opération de
ce chiffrage travaille pour la jouissance qui affecte le corps. »
p. 110
L’escabeau, croisement de la sublimation freudienne et du narcissisme
« L’escabeau, c’est un concept transversal. Cela traduit d’une façon imagée
la sublimation freudienne, mais à son croisement avec le narcissisme. (…)
L’escabeau est la sublimation, mais en tant qu’elle se fonde sur le je ne pense pas
premier du parlêtre. »
p. 110
Le sinthome tient au corps du parlêtre
« Le sinthome, en revanche, comme symptôme du parlêtre, lui, tient au corps
du parlêtre. Le symptôme surgit de la marque que creuse la parole quand elle
prend la tournure du dire et qu’elle fait événement dans le corps. L’escabeau est
du côté de la jouissance qui inclut le sens. En revanche, la jouissance propre au
sinthome exclut le sens. »
p. 111
Faire une analyse, mettre à jour la jouissance opaque du symptôme
« Faire une analyse, c’est travailler à la castration de l’escabeau pour mettre à jour
la jouissance opaque du symptôme. Mais faire la passe, c’est jouer du symptôme
ainsi nettoyé pour s’en faire un escabeau »
p. 111
Le corps se sépare du parlêtre pour passer au registre de l’avoir
« L’inconscient, quand il est conceptualisé à partir de la parole, et non plus à
partir de la conscience, porte un nom nouveau : le parlêtre. L’être dont il s’agit
ne précède pas la parole. C’est au contraire la parole qui décerne l’être à cet
animal par effet d’après coup, et dès lors son corps se sépare de cet être pour
passer au registre de l’avoir. Le corps, le parlêtre
ne l’est pas, il l’a
. »
p. 112
Le corps parlant avec ses deux jouissances
« Le parlêtre a affaire avec son corps en tant qu’imaginaire comme il a affaire
avec le symbolique. Et le troisième terme, le réel, c’est le complexe ou l’implexe
des deux autres. Le corps parlant, avec ses deux jouissances, jouissance de la
parole et jouissance du corps, l’une qui mène l’escabeau, l’autre qui soutient le
sinthome. »
p. 112
Jacques-Alain Miller




