LE CORPS PARLANT
Xe Congrès de l’ AMP,
Rio de Janeiro 2016
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Jouissance du corps et jouissance hors corps
« Il y a chez le parlêtre à la fois jouissance du corps et aussi jouissance qui se
déporte hors corps, jouissance de la parole, que Lacan identifie, avec audace
et avec logique, à la jouissance phallique en tant qu’elle est dysharmonique au
corps. »
p. 112
Le corps parlant est divisé quant à sa jouissance
« Le corps parlant jouit donc sur deux registres : d’une part, il jouit de lui-
même, il s’affecte de jouissance, il
se jouit
– emploi réfléchi du verbe -, d’autre
part, un organe de ce corps se distingue de jouir pour lui-même, il condense et
isole une jouissance à part qui se répartit sur les objets
a
. C’est en quoi le corps
parlant est divisé quant à sa jouissance. Il n’est pas unitaire comme l’imaginaire
le fait croire. C’est pourquoi il faut que la jouissance phallique se sépare dans
l’imaginaire dans l’opération qui s’appelle la castration. »
p. 112
Le concept de corps parlant, à la jointure du ça et de l’inconscient
« Le corps parlant parle en termes de pulsions. C’est ce qui autorisait Lacan à
présenter la pulsion sur le modèle d’une chaîne signifiante. Il a poursuivi sur
la voie de ce dédoublement dans sa logique du fantasme où il disjoint le ça et
l’inconscient. Mais le concept de corps parlant est en revanche à la jointure du
ça et de l’inconscient. »
p. 112
La jouissance pour laquelle travaille l’inconscient est puisée dans le corps
« C’est
sur
le corps que sont prélevés les objets
a
; c’est dans le corps qu’est puisée
la jouissance pour laquelle travaille l’inconscient. »
p. 113
Le corps parlant n’est pas une fiction
« De la théorie des pulsions, Freud pouvait dire qu’elle était une mythologie. Ce
qui n’est pas un mythe, en revanche, c’est la jouissance. L’appareil psychique,
Freud l’appelle au chapitre 7 de
Die Traumdeutung
, une fiction. Ce qui n’est pas
une fiction, c’est le corps parlant. »
p. 113
L’inconscient, élucubration de savoir sur le corps parlant
« L’inconscient est lui-même une élucubration de savoir sur le corps parlant, sur
le parlêtre »
p. 113
Le corps parlant, réel de l’inconscient
« Le réel du lien social, c’est l’inexistence du rapport sexuel. Le réel de
l’inconscient, c’est le corps parlant »
p. 113
S’accorder à la pulsation du corps parlant, la seule chose que puisse faire
l’analyste
« L’interprétation est un dire qui vise le corps parlant et pour y produire un
événement, pour
passer dans les tripes
, disait Lacan, cela ne s’anticipe pas, mais se
vérifie après-coup, car l’effet de jouissance est incalculable. Tout ce que l’analyste
peut faire, c’est s’accorder à la pulsation du corps parlant pour s’insinuer dans le
symptôme. »
p. 114
Analyser le corps parlant
« Quand on analyse l’inconscient, le sens de l’interprétation, c’est la vérité.
Quand on analyse le parlêtre, le corps parlant, le sens de l’interprétation, c’est
la jouissance. Ce déplacement de la vérité à la jouissance donne la mesure de ce
que devient la pratique analytique à l’ère du parlêtre. »
p. 114
Jacques-Alain Miller




