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LE CORPS PARLANT

Xe Congrès de l’ AMP,

Rio de Janeiro 2016

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« L’inconscient et le corps parlant », La Cause du désir N° 88, Navarin

Editeur, 2014

L’absence du rapport sexuel dans le réel montrée par la profusion imaginaire

de corps

« Rien ne montre mieux l’absence du rapport sexuel

dans le réel

que la profusion

imaginaire de corps s’adonnant à se donner et à se prendre. »

p. 105

L’exhibition religieuse des corps pâmés et la copulation hors champ

« Au retour d’Italie, d’une tournée dans les églises, que Lacan appelait joliment

« une orgie », il notait dans son Séminaire

Encore

: « tout est exhibition de corps

évoquant la jouissance » - voilà où nous en sommes dans le porno. Cependant

l’exhibition religieuse des corps pâmés laisse toujours hors de son champ la

copulation même, de la même façon que

la copulation est hors champ

, dit Lacan,

dans la réalité humaine.

»

p. 106

La scopie corporelle dans le porno, une provocation

« Tel que défini par Lacan, le baroque viserait la régulation de l’âme par la vision

des corps, la scopie corporelle. Rien de tel dans le porno, nulle régulation,

plutôt une perpétuelle infraction. La scopie corporelle fonctionne dans le porno

comme une provocation à une jouissance destinée à s’assouvir sur le mode du

plus-de-jouir

, mode transgressif par rapport à la régulation homéostatique et

précaire dans sa réalisation silencieuse et solitaire. »

p. 106

Le fait de la pornographie, symptôme de cet empire de la technique

« Mais notre oracle à nous, c’est justement le dit de Lacan sur le rapport sexuel.

Et il nous permet (…) de mettre à sa place le fait de la pornographie. Celui-ci

n’est nullement (…) la solution des impasses de la sexualité. Il est symptôme de

cet empire de la technique, qui désormais étend son règne sur les civilisations les

plus diverses de la planète, même les plus rétives. »

p. 107

L’imaginaire, c’est le corps

« On trouve formulé chez Lacan cette équivalence :

l’imaginaire, c’est le corps. »

p. 107

Le corps en tant qu’image

« Premièrement, le corps s’y introduit (

dans l’enseignement de Lacan

) d’abord en

tant qu’image, image au miroir, d’où il donne au moi son statut qui se distingue

singulièrement de celui que Freud lui reconnaissait dans la seconde topique. »

p. 107

L’idéal du moi et le moi idéal, un jeu d’images

« Deuxièmement, c’est encore d’un jeu d’images que Lacan illustre l’articulation

prévalant entre l’Idéal du moi et le moi idéal, dont il emprunte les termes à

Freud pour les formaliser d’une façon inédite »

p. 107

Le corps participe à l’économie de la jouissance

« Cette affinité du corps et de l’imaginaire est encore réaffirmée dans son

enseignement des nœuds. La construction borroméenne accentue que c’est

par le biais de son image que le corps participe d’abord à l’économie de la

jouissance. »

p. 107-108

Un monde illusoire sur le modèle de l’unité du corps

« Quatrièmement, au-delà, le corps conditionne tout ce que le registre

imaginaire loge de représentations : signifié, sens et signification, et l’image du

monde elle-même. C’est dans le corps imaginaire que les mots de la langue font

entrer les représentations, qui nous constituent un monde illusoire sur le modèle

de l’unité du corps. »

p. 108

Le corps parlant, un mystère

« il m’est apparu que le corps changeait de registre en tant que corps parlant.

Qu’est-ce que le corps parlant ?

Ah, c’est un mystère

, dit un jour Lacan. Ce dit

de Lacan est d’autant plus à retenir que

mystère n’est pas mathème

, c’est même

l’opposé. »

p. 108

L’union de l’âme et du corps , troisième substance cartésienne

« Chez Descartes, ce qui fait mystère mais reste indubitable, c’est l’union de

l’âme et du corps. (…) Cette union, en tant qu’elle concerne mon corps,

meum

corpus

, vaut comme troisième substance entre substance pensée et substance

étendue. »

p. 108

Mon corps, ma chair

« (Husserl dans les

Méditations cartésiennes

) distingue d’un mot précieux, d’une

part, les corps physiques parmi lesquels ceux de mes semblables et, d’autre part,

mon corps

. Et pour mon corps, il introduit un terme spécial. Il écrit : je trouve

dans une caractérisation singulière ma chair,

meinen Leib

, à savoir ce qui seul

n’est pas un simple corps, mais bien une chair, le seul objet à l’intérieur de ma

couche abstraite de l’expérience auquel j’assigne un champ de sensation à la

mesure de l’expérience. »

p. 108

Jacques-Alain Miller