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LE CORPS PARLANT

Xe Congrès de l’ AMP,

Rio de Janeiro 2016

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«

L’analyste

en corps »

« On doit penser que, comme je l’énonce, s’il y a quelque chose qui existe qui

s’appelle le discours analytique, c’est parce que l’analyste

en corps

, avec toute

ambiguïté motivée de ce terme, installe l’objet a à la place du semblant. »

p. 231

Former l’analyste à distinguer entre le niveau du corps et le discours

« Ce qui Peirce ose nous articuler au joint d’une antique cosmologie, c’est la

plénitude de ce dont il s’agit dans le semblant de corps. C’est le discours dans

son rapport, dit-il, au rien. Cela veut dire ce autour de quoi nécessairement

tourne tout discours. Par cette voie, et en promouvant cette année la théorie des

ensembles, j’essaie de suggérer à ceux qui tiennent la fonction de l’analyste de se

rompre et de se former dans la veine qu’exploitent les énoncés qui se formalisent

de la logique. Se former à quoi ? A distinguer ce que j’ai appelé tout à l’heure

la bourre, le tamponnement, l’intervalle, la béance qu’il y a entre le niveau du

corps, de la jouissance et du semblant, et le discours. »

p. 232

Le Séminaire

, Livre XX,

Encore

(1972 – 1973). Paris, Seuil, 1975

Le corps habille l’objet a

« Jouir d’un corps quand il n’y a plus d’habits laisse intacte la question de ce qui

fait l’Un, c’est-à-dire celle de l’identification. La perruche s’identifiait à Picasso

habillé.

Il en est de même de tout ce qui est de l’amour. L’habit aime le moine, parce que

c’est par là qu’ils ne sont qu’un. Autrement dit, ce qu’il y a sous l’habit et que

nous appelons le corps, ce n’est peut-être que ce reste que j’appelle l’objet

a. »

p. 12

Un corps, ça se jouit de le corporiser de façon signifiante

« Pour situer, avant de vous quitter, mon signifiant, je vous propose de soupeser

ce qui, la dernière fois, s’inscrit au début de ma première phrase, le jouir d’un

corps, d’un corps qui, l’Autre, le symbolise, et comporte peut-être quelque

chose de nature à faire mettre au point une autre forme de substance, la

substance jouissante. N’est-ce pas là ce que suppose proprement l’expérience

psychanalytique? – la substance du corps, à condition qu’elle se définisse

seulement de ce qui se jouit. Propriété du corps vivant sans doute, mais nous ne

savons pas ce que c’est que d’être vivant sinon seulement ceci, qu’un corps cela

se jouit. Cela ne se jouit que de le corporiser de façon signifiante. »

p. 26

La jouissance du corps est au-delà du phallus

« Il y a une jouissance, puisque nous nous en tenons à la jouissance, jouissance

du corps, qui est, si je puis m’exprimer ainsi - pourquoi pas en faire un titre de

livre?, c’est pour le prochain de la collection Galilée – au-delà du phallus. Ce

serait mignon, ça. Et ça donnerait une autre consistance au MLF. Une jouissance

au-delà du phallus… »

p. 69

Je parle avec mon corps sans le savoir

« C’est une des choses essentielles que j’ai dites la dernière fois – l’analyse se

distingue entre tout ce qui a été produit jusqu’alors du discours, de ce qu’elle

énonce ceci, qui est l’os de mon enseignement, que je parle sans le savoir. Je

parle avec mon corps, et ceci sans le savoir. Je dis donc toujours plus que je n’en

sais. C’est là que j’arrive au sens du mot sujet dans le discours analytique. Ce qui

parle sans le savoir me fait je, sujet du verbe. Ça ne suit pas à me faire être. Ça

n’a rien à faire avec ce que je suis forcé de mettre dans l’être. »

p. 108

Le corps parlant ne se reproduit que par un malentendu de sa jouissance

« C’est le corps parlant en tant qu’il ne peut réussir à se reproduire que grâce

à un malentendu de sa jouissance. C’est dire qu’il ne se reproduit que grâce

à un ratage de ce qu’il veut dire, car ce qu’il veut dire - à savoir, comme le dit

bien le français, son sens - c’est sa jouissance effective. Et c’est à la rater qu’il se

reproduit - c’est-à-dire à baiser.

C’est justement ça qu’il ne veut pas faire, en fin de compte. La preuve, c’est que,

quand on le laisse tout seul, il sublime tout le temps à tour de bras, il voit la

Beauté, le Bien - sans compter le Vrai, et c’est encore là, comme je viens de vous

le dire, qu’il est le plus près de ce dont il s’agit. Mais ce qui est vrai, c’est que

le partenaire de l’autre sexe reste l’Autre. C’est donc à rater sa jouissance qu’il

réussit à être encore reproduit sans rien savoir de ce qui le reproduit. »

p. 109

Le monde n’est qu’un rêve du corps parlant

« Il semble que le sujet se représente les objets inanimés en fonction de ceci qu’il

n’y a pas de relation sexuelle. Il n’y a que les corps parlants, ai-je dit, qui se font

une idée du monde comme tel. Le monde, le monde de l’être plein de savoir,

ce n’est qu’un rêve, un rêve du corps en tant qu’il parle, car il n’y a pas de sujet

connaissant. Il y a des sujets qui se donnent des corrélats dans l’objet a, corrélats

de parole jouissante en tant que jouissance de parole. »

p. 114

« Le réel, dirai-je, c’est le mystère du corps parlant, c’est le mystère de

l’inconscient. »

p. 118

Jacques Lacan